Sarkozy, futur président, actuel délinquant.

 

 

On le savait déjà mais c’est désormais officiel. Nicolas Sarkozy se présente pour la présidence en 2017. Rompant avec sa prétendue retraite annoncée au lendemain de son échec face à François Hollande, sa candidature laisse ainsi entrevoir une campagne riche en combats de coqs et débats puérils en tout genre.

L’aspect intéressant quant à cette entrée dans la course présidentielle réside en l’énième démonstration qui en sera faite de toute l’incohérence de ce modèle démocratique réputé sans vices de formes ni de fonds. Car si les journalistes lui faisant face et les journaux à la limite de la partialité politique n’oseront peut-être qu’à peine aborder la chose, il faut bien se rappeler que notre possible futur président (bis) reste sous le coup de la justice dans de nombreuses affaires.

Petit rappel des faits :

 

L’affaire des écoutes

Le Président de les Républicains, est encore aujourd’hui soupçonné d’avoir tenté d’obtenir, auprès de Gilbert Azibert, un haut magistrat, des informations couvertes par le secret dans un dossier judiciaire le citant directement. Des soupçons qui lui ont valu de devenir le premier ancien président de la République à être placé en garde à vue. Par l’intermédiaire de son avocat, Thierry Herzog, il aurait promis en échange à ce magistrat un poste de choix à Monaco. S’apercevant rapidement de sa mise sur écoute, dans le cadre de l’affaire du financement de sa campagne par Khadafi, il n’honorera bien entendu pas sa parole. Il sera ainsi mis en examen pour corruption active, trafic d’influence actif et recel de violation du secret professionnel.

 

L’affaire Bygmalion      

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L’affaire qui a poussée Jean François Copé à démissionner de la présidence du parti et probablement amener d’avantage encore les pontes du parti à se faire une nouvelle peau en changeant de nom. Nicolas Sarkozy a alors été, dans le cadre de cette affaire, placé sous le statut de témoin assisté des chefs d’usage de faux, escroquerie, abus de confiance et désormais mis en examen pour financement illégal de campagne. La cause de tout cet imbroglio : Bygmalion aurait oublié de facturer certaines prestations, permettant ainsi au parti en question de ne pas dépasser le plafond autorisé des comptes. Car oui, il y a bien des plafonds à ne pas dépasser afin d’éviter entre autre situation de monopole médiatique lors de campagnes. Plafond apparemment trop bas pour le candidat à la présidence que Mr Sarkozy fut à cette époque. Pour sa défense, ce dernier avouera ne jamais avoir entendu parler de Bygmalion, alors les fausses factures, n’en parlons même pas.

 

L’affaire du financement libyen

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En avril 2012, peu avant la présidentielle, Médiapart présente un document prouvant le transfert de 50 millions d’euros à destination du parti de Nicolas Sarkozy, venant tout droit des comptes blindés de feu Khadafi. Faux grossier répondra le président d’alors. Une enquête judiciaire pour corruption active et passive et trafic d’influence est tout de même ouverte en novembre 2015 et rebondira suite à la conclusion d’un expert attestant de l’authenticité du document en question plus récemment. Son ancien ministre Claude Guéant sera lui aussi mis en examen dans la même affaire pour faux en milieu d’année 2015, ne facilitant effectivement aucunement son dédouanement. Un lien entre ce transfert et l’invasion française de la Libye au moment même de la révélation du dit document.. ? Une question qui ne semble point trop se poser dans le camp sarkozyste.

 

L’affaire des sondages de l’Elysée

L’affaire démarre avec le dépôt d’une plainte déposée par l’association Anticor, se plaignant qu’une partie des sondages et prestations de communication commandées par l’Elysée sous Sarkozy ne relevaient pas de la fonction présidentielle. Plusieurs des proches du président ont été ainsi mis en examen dont Claude Guéant, mais aussi Pierre Giacometti et Patrick Buisson, dirigeant les sociétés bénéficiaires concernées. Les études en question auraient d’ailleurs disparues. Une information judiciaire pour favoritisme, détournement de fonds publics, et détournement ou destruction d’archives a donc été ouverte, dans lesquelles l’ancien Président est bien entendu cité.

 

L’affaire Kazakhgate

Encore une affaire de rétro commissions. Cette fois-ci en marge de contrats signés sous la présidence Sarkozy avec le Kazakhstan. Il est ici question de deux milliards d’euros concernant l’acquisition par le Kazakhstan d’ici 2016 de 45 hélicoptères de l’ex-Eurocopter. L’ancien préfet et chargé de mission à l’Elysée a alors été mis en examen, entre autre pour corruption d’agent public étranger, ainsi que l’ex-sénateur centriste du Gers, représentant en Asie centrale de Nicolas Sarkozy, qui lui l’a été pour corruption passive et blanchiment en bande organisée.

 

L’affaire de l’arbitrage Tapie

En 2008, un arbitrage controversé a attribué 404 millions d’euros à Bernard Tapie pour solde du litige qui opposait l’homme d’affaires au Crédit Lyonnais dans la revente d’Adidas. Certains s’interrogent alors quant aux liens entre l’homme d’affaires et l’un des ex-juges du tribunal arbitral, Pierre Estoup. Nicolas Sarkozy aurait alors poussé sa ministre de l’Economie, Christine Lagarde, à solder le dossier en faveur de l’ancien président de l’OM en recourant à l’arbitrage, au lieu de laisser la justice faire son travail. On s’étonnera alors de voir, pour la première fois la République interrompre le cours ordinaire de la justice en ordonnant ce dit arbitrage. L’ancien Président de la banque publique, Jacques Peyrelevade estime que Nicolas Sarkozy est même le véritable coupable dans cette affaire. Six personnes ont été mises en examen dans cette affaire dont (encore) Claude Guéant, alors secrétaire général de l’Elysée au moment des faits et donc Christine Lagarde, jugée pour négligence d’une personne dépositaire de l’autorité publique ayant mené au détournement par un tiers de fonds publics. La date de son procès n’a pas encore été prononcée. Nicolas Sarkozy y a été lui seulement entendu comme témoin, mais a toujours refusé de se prononcer.

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L’inquiété candidat qui n’a pas à s’inquiéter

Rappelons que Nicolas Sarkozy a aussi été blanchi dans d’autres affaires dont la célèbre Woerth-Bettencourt et celle de Karachi, mais aussi dans l’enquête de ces voyages en jet privé facturés à la société Lov Goup de son ami Stephane Courbit, comme dans celle des pénalités s’étant soldées par un non-lieu, et réglées alors par l’UMP.

Mais mis en examen dans les affaires des écoutes et celle de Bygmalion, cité dans celle du financement libyen, Nicolas Sarkozy risque gros, enfin en théorie. Car nul n’est censé ignorer la loi et surtout ses procès et mises en examens qui savent se montrer longues, très longues. Mieux encore, pour les affaires des sondages de l’Elysée comme pour l’affaire Tapie et celle des hélicoptères vendus au Kazakhstan, il bénéficie de son immunité présidentielle, lui évitant ainsi tout procès. En effet, selon l’article 67 de la Constitution, le chef de l’Etat « n’est pas responsable des actes accomplis en sa qualité » de président et ce même après la fin de son mandat. Pour les actes qui ne relèvent pas de sa fonction présidentielle, le chef de l’Etat bénéficie d’une inviolabilité qui prend fin un mois après le terme du mandat présidentiel.

Vous lisez bien, le président de la République en France est donc considéré juridiquement irresponsable de ses actes durant son mandat…

Nicolas Sarkozy n’est bien entendu pas le seul à guetter le trône de France et à se voir inquiété par la justice. Pensons aussi au cas Chirac, que la justice cherche à envoyer en prison depuis longtemps, et continuant pourtant à vivre de jours heureux en compagnie de sa dame. Ne nous faisons ainsi pas trop d’illusions pour le cas du président de Les Républicains, il pourra continuer à monter les communautés les unes contre les autres afin de gagner voix et attirer caméras sur lui et espérer sans embuches regagner le poste de Président qu’il a déjà occupé par le passé. Et ce ne sera pas ses électeurs qui viendront l’en empêcher.

Heureusement que nous sommes en démocratie..

 

« Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime ! Il est complice. »

Georges Orwell

 

 

 

 

 

 

 

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