Marianne a encore frappé!

Un drapeau français, quelques taches de sang, l’islamisme, la laïcité, nos valeurs leurs haines.. Le dernier numéro du magazine Marianne donne le ton.

Nous n’avons ainsi pu résister à la tentation d’en trouver un exemplaire téléchargeable sur internet et d’en examiner le contenu.

Première surprise, on s’attendait à du dossier lourdement à charge, nous avons été déçus. Certains articles sont même plutôt bien tournés comme celui sur la taqiya, ou l’art de la dissimulation, l’autre sur l’auteur de la tuerie de Nice ou encore celui sur les récents propos du patron de la DGSI alertant du danger identitaire qu’encourrait les musulmans français. Bien tourné, pour qui connait un temps soit peu Marianne et sa ligne éditoriale.

Mais bien entendu, Marianne reste Marianne. Et les premières pages annoncent la couleur.

Nous, les Français, qui, naguère, bien avant que ne démarre cette guerre, et en nous souvenant de l’autre qu’avaient subi nos parents, trouvions abjecte l’idée de demander au voisin, au collègue, au copain : « T’es qui, toi ? D’où tu viens ? » Nous étions un tout, suffisamment fort et ardent pour ne pas en faire des tonnes identitaires. Etre Français tombait sous le sens, le bon sens.(1)

Quelle belle France Marianne semble avoir connu. Allez demander aux tontons du bled et sexagénaires au teint basané croupissant encore dans l’un des milliers de logements HLM que compte ce pays, si être français tombait sous le sens.

Certes l’identité n’était pas ces dernières décennies ce sujet présent sur toutes les bouches. Mais il faut aussi comprendre pourquoi. Si les français se sentaient encore chez eux, et ne s’interrogeaient pas sur leur propre identité, c’est bien parce que l’autre faisait tout ce qu’on lui demandait. À savoir se taire, bosser à l’usine et continuer à faire de sa religion une pratique folklorique en quelques moments bien choisis de l’année.

Rachid vivait en banlieue, y travaillait et on ne le croisait qu’au marché ou à l’ANPE. Et quand Rachid passait à la TV, c’était pour rapper, amuser les bourgeois sur une scène ou gagner coupes et médailles.

Les noirs et les arabes, on les aime que quand ils s’essayent à nous divertir, nous font gagner au sport, ou cherchent à simplement devenir comme nous. L’assimilation ou rien.

Mais à force de continuer à lui nier des droits similaires et le considérer comme étranger même au bout de trois générations, Rachid finit par redevenir l’étranger, le musulman qu’il était au fond de lui. Et un étranger, de surcroit un musulman, qui cultive son identité, c’est pas beau, c’est même très vilain.

Notre pays, par ses choix historiques et civilisationnels, constitue une base de résistance au totalitarisme religieux. Nous sommes encore – oui, encore – une place forte de la pensée et de la curiosité intellectuelle. Le pays des questions, la nation rebelle qui ne croit pas qu’au ciel.(2)

La Nation qui ne veut surtout pas que d’autres puissent continuer d’y croire. Jules Ferry avait clairement expliqué en son époque que de ne pas parler de Dieu aux chères petites têtes blondes à l’école revenait de ce fait à leur faire croire que Dieu n’existe pas. Et c’est bien là le combat que mènent anti-cléricaux d’antan et laïques contemporains depuis plus de deux siècles en France. Retirer Dieu du pouvoir puis petit à petit le retirer des consciences. Et ça fonctionne! La France peut aujourd’hui se targuer d’un des taux les plus élevés d’athéisme déclaré au monde.

Sous couvert d’une laïcité seule garante d’un vivre ensemble à la française, on pousse et contraint les croyants à éliminer de leur identité, de leur pratique quotidienne et de leur apparence le moindre élément génant le laïque d’à côté. Laïque qui trouvera intolérable de vous voir désirer manger une autre viande que lui ou couvrir vos cheveux pour des raisons autres que celles qu’il s’autoriserait. Mais le laïque est tolérant, c’est lui qui le dit!

Ainsi ce n’est pas le totalitarisme religieux que l’on combat en fustigeant cet imam pour son refus d’écouter de la musique ou cet autre pour la préférence qu’il aurait à voir ses dames au foyer. C’est la religion elle-même ainsi que ses croyants. Les compréhensions et préférences religieuses personnelles, aussi étranges ou gênantes soient-elles, n’ont rien de totalitaires, c’est contraindre une population à une doctrine particulière que le totalitarisme. C’est ce qu’ont pu vivre des catholiques sous l’inquisition communiste plus à l’Est ou les musulmans, aujourd’hui, avec cette morale laïque qui cherche à se faire accepter dans le fin fond des cœurs de chacun.

L’émancipation de la femme constitue le mal absolu pour les intégristes, mais aussi pour l’islam wahhabite, leur parrain, qui s’est répandu dans le monde entier et jusque dans nos rues, avec la bienveillance des élus de gauche, puis de droite, puis à nou- veau de gauche. Avec la fascination béate des médias et des intellectuels encore.(3)

Si l’émancipation de la femme consiste au seul fait de se découvrir d’avantage d’années en années, de se laisser aller à une sexualité débridée, puis à fumer et boire comme un vrai mec, alors oui, ce ne sera guère apprécié des intégristes. Et de beaucoup de musulmans en général…

Sinon, qu’on se rassure tout de suite, même le wahhabite, conçoit l’éducation des filles, le droit au divorce ou la possibilité de travailler en étant une femme.

Car à part des vêtements en moins et le droit de se ruiner la santé comme son homologue masculin, la femme émancipée n’a pas gagnée grand chose. Ses salaires sont toujours moindres, les violences à son égard n’ont pas baissées et plus que jamais son corps fait office de vitrine et d’outil sexualisé à travers l’ensemble des domaines artistiques diffusés et diffusables. Mais bien sûr, le voile reste et restera la bataille majeur à remporter!

Pour ce qui est du wahhabisme, il faudrait comprendre ce que c’est vraiment, et ensuite nous présenter les élus, médias et intellectuels bienveillants à son égard. Parce que là, nous avons beau cherché il n’y a vraiment personne qui nous vient à l’esprit…

Depuis vingt-deux ans, depuis la circulaire Bayrou du 20 septembre 1994 qui interdit « les signes ostentatoires de la religion » à l’école, le voile est une bataille. Car rendre la femme invisible marque avec éclat la visibilité de l’islamisme. Ses relais associatifs – terreau du futur djihadisme – transformèrent donc ce bout de chifon en étendard comme si nous nous trouvions dans le monde islamique. Sur le pavé de Paris, le foulard des musulmanes salafistes se fit tricolore pour imposer la soumission féminine au nom de la liberté d’expression républicaine. Des quartiers entiers se voilèrent. C’est ce que dénoncèrent douloureusement dans nos colonnes d’autres femmes françaises issues de l’immigration pour qui la laïcité est le seul horizon des libertés universelles.(4)

Le voile et l’islamisme. On passera sur la définition de ce dernier terme qui n’est ni plus ni moins que la volonté délibérée de criminaliser l’islam dans son entierté, en le dépouillant de ses volets civilisationnel et sociétal. Un terme terni par la connotation guerrière que les médias lui donneront, et qui fera germer dans l’esprit des gens du commun que l’islamisme n’est rien d’autre qu’une forme nouvelle de barbarie diabolique, digne descendante de feu le nazisme.

Le voile est ainsi associé de ce fait à l’islam guerrier véhiculé par nos écrans. Un voile rendant la femme le portant invisible. Curieux. Une femme doit-elle se dévêtir pour trouver grâce ou simplement existence à vos yeux? Elles ne sont en rien invisible, et l’idée n’est pas là, mais peut-être faudrait-il avoir le courage d’affronter la réalité et leur parler, au lieu de constamment spéculer sur ce qu’elles auraient ou pas dans la tête. Mais nous comprenons, la voilophobie est une maladie difficile au quotidien, et il ne doit pas être des plus facile pour vous autre d’approcher l’objet de vos cauchemars de si près.

Quant à qualifier les relais associatifs musulmans de futur terreau du djihadisme, là, un pas de plus vient d’être franchi. On savait le CCIF et les associations de défenses des droits des musulmans et musulmanes qualifiés de communautaristes ou de radicaux. Mais y voir le terreau du djihadisme… C’est le CRIF, ma chère Marianne, qui défend la guerre, celle menée par l’extrème droite israélienne contre une population illégallement colonisée. Il doit y avoir mégarde, le CCIF et d’autres, eux, ne font que rappeler à la loi ceux qui s’imaginent que l’on peut légitimement tabasser une femme voilée enceinte, en empêcher une autre de passer son doctorat, ou accuser un collégien de terroriste devant ses camarades.

Quant à ces femmes françaises issues de l’immigration que vous apréciez tant, leur vision de la laïcité, dictant le comportement et la tenue des uns et des autres, nous n’en avons aucunement envie. Qu’elles ouvrent un code pénal, ou partent en Corée du Nord. Mais en France, nous avons encore le droit de nous habiller comme on le souhaite, sous les seules restrictions édictées par la loi, qui n’empêchent en rien, pour le moment, de porter en dehors de chez soi et dans la rue, des signes ostentatoires (quel vilain mot) religieux.

 

Quelques lignes plus haut, ce sont des extraits des revues francophones daeshistes qui se voient commentées. Y sont critiqués le système éducatif français, les origines juives et franc-maçonnes des grands qui ont fait ce pays et bien évidemment la laïcité.

Là encore, le jeu est clair. Criminaliser tout militantisme musulman en daeshisant de ce fait toute critique de l’Etat français ou de ses institutions et valeurs. Émettre des réserves sur ce qui est enseigné à l’école, s’ériger contre ce laïcisme moralisateur, parler de l’origine juives et/ou franc-maçonnes de certains de nos élus (qui ne s’en cachent absolument pas) et vous voilà étiqueté tel un horrible ennemi de la république.

 

Il y a aussi cette interview de Boualem Sansal. Si l’on fait l’impasse sur l’ensemble de ce qui y a été dit, on ne peut que saluer ce constat tout de justesse qu’il esquissera en ces mots :

 »Les islamistes, mais aussi des musulmans lambda, lui reprochent (à la France) beaucoup : son passé colonial, sa laïcité brandie comme un sabre contre l’islam, son soutien aux dictateurs arabes, sa politique d’assimilation, les obstacles dressés pour empêcher la pratique du culte musulman, ses guerres au Mali, en Afghanistan, en Syrie. »(5)

À la question posée en couverture, Mr Sansal semble avoir déjà trouvé des éléments de réponses, et même une lourde précision. Il n’y a pas que les islamistes, mais aussi le musulman lambda que ça dérange…

L’islam, l’islamisme, la burqa, le niqab, les salafistes, Daesh, le voile et encore l’islam, le voile et encore le voile… Marianne, que ferais-tu sans les musulmans, de quoi remplirais-tu donc tes colonnes? Tu as peur pour ton identité et tu t’attaques donc aux autres. Mais crois-nous, si les musulmans venaient à partir ou périr, ton journal ne tiendrait, faute de sujets, plus très longtemps. 


En attendant, si l’on essayait d’arrêter de faire le jeu de Daesh en semant les graines de la peur et en poussant les masses les unes contre l’autre..? Marianne, tu voudrais donner raison aux daeshistes, pousser les musulmans ici dans leur retranchement, et jeter la haine et la suspicion dans le cœur des français, tu ne t’y prendrais pas autrement

Peut-être que ton bonnet phrygien, à l’instar du voile que portent Nesrine et Fatima, t’empêche de penser convenablement..? Ôte le donc, sois moderne et libérée!


(1) P11

(2) P13

(3) P13

(4) P14

(5) P14

 

 

 

2 réflexions sur “Marianne a encore frappé!

  1. Résumé simpliste. Si vous jugez que nous ne sommes pas a la hauteur, pourquoi n’allez vous pas porter votre serment dans les pays où on leur impose de porter, de dire, de faire qu’elles cherchent à fuir. Notre pays est plus que tolèrent envier tout le monde. Il est aussi judicieux de respecter notre façon de vivre, nos droits, nos lois comme tout un chacun est en droit de le faire lorsqu’il vit jours de chez lui. Et non de vouloir imposer ce qu’ils veulent pour nous. Aller vivre ailleurs et vous verrez que si vous ne respecter en rien le pays où vous êtes, vous le quitterez plus vite que vous y serez entre. Cela s’appelle le respect. Personne n’oblige à rester lorsque l’on ne se plaît pas. C’est aussi simple que cela. Le monde est grand. Il y a de la place partout.

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    1. Bonjour

      Vous serez peut-être étonné de l’apprendre mais l’auteur de cet article est français et de souche comme dirait l’autre.

      Étonnés nous le serons par contre toujours autant en lisant dans une même phrase des éloges faites à la tolérance et un appel à quitter le territoire si l’on ne respecte pas le pays.

      Respecter l’autre ne passe pas par s’effacer, s’assimiler au profit de l’autochtone. Une femme qui se voile, un homme qui prie et va à la mosquée, un autre qui décide que ses goûts artistiques ou culinaires doivent être en phase avec sa foi ne font aucunement barrage à ce respect.

      Mais voyez-vous, le problème de cette France qui se cherche une identité est là. Elle ne supporte plus la différence et surtout ce qui peux rendre un musulman différent.

      Le bon musulman est celui devenu comme  »nous ». Si il fait de sa différence une identité propre, il ne respecte d’un coup plus le gentil français qui l’a accueilli.

      Pour ce qui est d’une France enviée de tous, c’est depuis longtemps faux. On s’en moque de la France et un peu partout. Sa laïcité qui n’a rien à envier au totalitarisme communiste, son humour anti-cléricale que personne ne comprend, sa démocratie qu’elle bafoue à chaque bombardement la bas et loi votée ici. Et j’en passe…

      La France est de plus en plus vue comme une vieille dame qui se cherche et se croit encore la plus intelligente. Seul pays occidental où mettre un voile ou critiquer la situation coloniale en Palestine occupée peut être considéré comme un délit.

      Allez comprendre.

      Merci en tous cas pour votre attention.

      Cordialement

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