Pendant ce temps, au Cachemire…

Alors que les caméras et appareils photos semblent se concentrer en certains points donnés du monde plus que d’autres, il y a un endroit, loin de là, où les morts se succèdent sans que de larmes ne viennent couler sur nos jolies joues roses.

Le Cachemire. Non ce n’est pas uniquement cette matière si agréable quadruplant le prix de n’importe quel pull. C’est aussi une région du monde, en Inde, à la frontière pakistanaise. Enfin en Inde, en théorie, car ce n’est ni plus ni moins la Chine et le Pakistan qui en contrôle respectivement les deux tiers. Le problème, le Pakistan en réclame la totalité des terres, du moins ce que l’Inde a gardé sous son contrôle.

Une région à majorité musulmane à laquelle l’Inde a refusé un référendum de peur de voir le territoire entier tomber dans les mains des pakistanais. Une région qui depuis 1947, comme la Palestine, oscille entre conflits et paix, mais surtout où la population semble plus vivre sous domination d’un autre que réellement libre.

Autre similitude avec la cause palestinienne, c’est à l’Empire britannique que l’on doit sa partition, encore en cours actuellement. Plusieurs guerres s’en suivront entre les deux géants, l’Inde et le Pakistan, chacun réclamant l’ensemble du territoire sous ses ordres. Mais encore aujourd’hui, la situation reste la même. L’Inde ne veut rien céder. Il faut dire que si l’acquisition des deux côtés de la bombe atomique permet à chacun de préférer les pourparlers au combat, elle n’accélère en rien un quelconque processus visant à trouver une solution adéquate.

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C’est dans ce contexte que naquit le groupe séparatiste Hizb ul Mujahidin en 1989, se battant pour faire rejoindre le Cachemire au Pakistan. Bientôt ce seront plus de 10 000 hommes qui rempliront les troupes indépendantistes. Mais l’unité du groupe fera vite défaut, et les conflits internes viendront ternir la réputation du groupe. Les combats occasionnés avec l’armée indienne feront jusqu’à aujourd’hui des dizaines de milliers de morts, essentiellement des civils.

L’adoption de l’attentat, (le premier attentat suicide eut lieu le 25 décembre 2000 à Srinagar) comme méthode d’action par les indépendantistes poussera aussi les européens, américains, et bien entendu les indiens à considérer l’entité comme terroriste. Même le Pakistan dut prendre certaines distances et se vit obligé de condamner certaines actions. Depuis, d’émeutes en attentats, la seule chose qu’ait réellement changée, ce sont le nombre de militaires indiens présents dans la région. Ils sont partout et donnent véritablement l’impression aux habitants du Cachemire de vivre sous occupation.

Si, en dehors des quelques attentats, les violences s’estompèrent un temps, de 2010 à aujourd’hui, il fallut le meurtre, par l’armée indienne, du leader charismatique Burhan Wani, pour raviver la flamme. Au lendemain de l’enterrement de ce dernier, le Cachemire s’enflamme. 30 morts en trois jours. Des centaines d’autres ont été blessés dans ces manifestations qui ont débuté le 10 juillet de cette année, en dépit du couvre-feu imposé.

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Le corps de Burhan Wani avant son enterrement

Les violences policières et militaires ont pris de graves proportions. Une association de médecins de la région affirme que des manifestants blessés ont même été visés par des tirs de gaz lacrymogène alors qu’ils étaient soignés à l’hôpital. Une autre organisation, la « Jammu and Kashmir Coalition for Civil Society« , affirme que la police a attaqué des ambulances amenant des blessés aux soins.

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Prière mortuaire sur la dépouille de Burhan Wani

La situation a depuis été maitrisée. Mais jusqu’à quand?

Comment se fait-il que cette cause soit si peu entendue et défendue par les communautés musulmanes ailleurs? Malgré de tristes similitudes avec ce que vivent les palestiniens à quelques milliers de km de là, le silence est pourtant quasi-total.

À en critiquer la partialité des uns et des autres quant au traitement de l’information, et de l’importance donnée à certains morts plus qu’à d’autres, on en oublie que cette partialité peut tout aussi être du côté de ceux qui se pensent en être immunisés

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