Avoir ses propres écoles? Et puis quoi encore…

 

 

Du privé oui, mais pas pour tous.

 

Ils seraient plus de deux millions d’élèves à fréquenter un établissement privé sur plus de douze millions de scolarisés français. L’écrasante majorité d’entre eux officiant leur scolarité dans les 9000 écoles, collèges et lycées catholiques, quand près de 30 000 autres le seraient dans les quelques 300 établissements juifs.

A côté, depuis 2004, se proposant d’accueillir les futures centaines d’adolescentes expulsées pour un tissu de trop sur la tête, des écoles musulmanes virent le jour. En 2016, on compterait plus de 50 établissements proposant autour de 5000 places. Si les filles restent les principales candidates, les garçons ne sont pas en reste. Les parents musulmans voient aussi en ces établissements une alternative aux écoles publiques, de plus en plus réfractaires et hostiles à la religion de leurs enfants, et une opportunité de pouvoir permettre à l’enseignement de l’arabe et de l’islam à ces derniers sans passer par d’autres structures encore trop disparates. Le programme scolaire est le même, les inspections académiques sont identiques et aucune obligation religieuse n’incombe aux élèves, libres de pratiquer leur culte comme ils l’entendent.

Mais si responsables scolaires juifs et catholiques peuvent dormir sur leurs deux oreilles, du côté des musulmans, les choses se gâtent. Depuis une petite année, les écoles musulmanes sont sous le feu des projecteurs. Elles inquiètent, on ne sait pas tout à fait ce qu’il s’y passe, elles joueraient pour certaines un double jeu. Pour d’autres, les financements étrangers, bien que se faisant de plus en plus rare, sont l’occasion de crier à l’endoctrinement wahhabite de nos chères têtes brunes. Beaucoup seraient aussi aux mains de responsables proches des Frères Musulmans par le biais de l’UOIF, sa version francisée et fer de lance de cet islam de France pourtant tant plébiscité.

Le spectre du radicalisme guète, on craint à penser les élèves ne plus jouer de la flûte ou à avaler la théorie de Darwin sans broncher. Et la Shoah? Peut-être en rît-on âprement sous les regards complices des professeurs? Un corps enseignant d’ailleurs souvent composé de femmes voilées, jetant en pâture la sacro-sainte neutralité dont se devrait de respecter chaque transmetteur de savoir dans notre chère France laïque. Et la laïcité tiens? Quelle place a t’elle dans ces classes? Que de questions amenant le gouvernement socialiste à réfléchir à prendre des mesures supplémentaires.

Des interrogations d’ailleurs bien absentes lorsque les regards se tournent vers les écoles juives et catholiques. Crucifix, cours d’histoire remodelés et présence de cathos tradis dans les uns, kippa, barbes grisonnantes et enseignement de la Thora dans les autres, circulez y’a rien à voir. Mais voiles, cours d’arabe et d’islam chez les petits derniers, ce n’est simplement pas possible.

Une histoire de contrat

Bref. Le gouvernement sort les griffes. Après la tuerie du Bataclan, ce sont des inspections surprises qui seront lancées dans des établissements suspectés de radicalité, hors contrat. Car un des torts de ces établissements musulmans est bien le fait de ne pas être, comme la plupart des autres établissements privés, en contrat avec l’Etat. Une école hors contrat, c’est une école aux mains des fondamentalistes, où de beaux enfants laïques seraient transformés en vilains salafistes. A l’inverse, une école sous contrat, c’est une école mieux contrôlée, ce sont l’ensemble des cours qui doivent être appliqués (musique par exemple), et une impossibilité de voir les pétro-monarchies y placer leur fonds.

Mais une école sous contrat, ce sont aussi des subventions de l’état, et ça, ça fait tâche. Comment un Etat laïque pourrait participer au financement d’écoles confessionnelles? L’opposition pose la question. On pourrait leur rétorquer que l’Etat finance déjà les écoles juives et catholiques. Mais semblerait il que ce ne soit pas tout à fait pareil… C’est vrai, la mode est désormais à affirmer l’héritage judéo-chrétien du territoire. Eux oui, vous non! Donc au choix, on laisse le salafisme UOIFiste (bel oxymore) s’inviter dans des écoles hors contrat, ou alors on finance ce qui serait pour beaucoup des fabriques communautaristes, véritables entorses au laïcisme d’Etat en construction.

Le gouvernement a tranché, on favorisera l’école sous contrat. Et c’est Najat Vallaud Belkacem qui va s’y coller.

Des mesures à point qui sait attendre

Seuls 0,5% des élèves de moins de 16 ans suivraient leur scolarité dans ses écoles hors contrat, dont moins de 10% seraient musulmans. Si le droit à une instruction de qualité est avancée pour justifier de nouvelles mesures, il est surtout question au fond de palier aux atteintes portées aux valeurs républicaines. Des valeurs qui seraient alors bafouées dans ces quelques salles de classes musulmanes. C’est dans ce sens que, début juin, la ministre de l’éducation nationale a dévoilé les quelques mesures qu’elles souhaitent voir être prises par la suite.

Le gouvernement se défend alors d’une quelconque partialité et dit viser par là l’égalité des élèves en terme d’éducation. Ces mesures interviennent pourtant en plein débat autour de la place de l’islam en France, au milieu d’une série d’attentats, et face à une demande croissante d’établissements privés de la part des musulmans.

Simple hasard calendaire nous dira t-on.

L’une de ces mesures aura d’ailleurs des répercussions pour le moins inquiétantes. Jusqu’ici, une mairie ne pouvait s’opposer à l’ouverture d’un établissement qu’une fois celui-ci ouvert, désormais, l’établissement ne pourra ouvrir qu’après demande et dossier préalable. Des demandes de dossiers n’émanant majoritairement, que de musulmans, les fidèles des autres confessions ayant déjà eu les décennies nécessaires pour pouvoir durablement s’installer et économiquement s’en sortir. Alors autant dire que donner la possibilité aux mairies de procurer ou non leur aval à l’ouverture d’établissements musulmans ne pourra que leur permettre d’en refuser d’avantage, et plus facilement. Tous les maires ne sont pas dupes, autoriser des élèves de confession musulmane a avoir leur propre école, c’est les éloigner de l’école laïque, et permettre à tout un tas de jeunes filles d’échapper à la loi de 2004 sur le foulard, si chère à tant de nos compatriotes. Et oui, il va falloir se montrer gentil avec Mr le maire, et pas sûr que le thé à la menthe soit suffisant.

Et dire que certains pensaient pouvoir ouvrir des écoles comme tout le monde.. Ils sont fous ces musulmans!

 

 

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