Et si les premiers terroristes de l’histoire étaient juifs?

Judée, actuelle Palestine occupée, 66 ans après le début de l’ère grégorienne.

Les juifs, depuis longtemps présents en cette zone, sont alors sous occupation romaine depuis plus d’un siècle. Face à cette occupation, si la plupart l’accepte sans trop rechigner, et que d’autres en profitent même pour se romaniser et jouir de quelques privilèges, certains ne l’entendent pas de cette oreille.

Les zélotes, observant strictement la loi hébraïque et considérant la présence de païens sur leur terre comme une souillure, ne tardent pas à s’impatienter devant ce spectacle apocalyptique. Un événement parmi d’autres déclenchera les hostilités, débouchant sur cette fameuse révolte juive que nombre d’historiens de l’époque relatèrent par écrits.

Un païen, en plein shabbat, par pure provocation, sacrifie un oiseau devant le Temple. S’en suivra des batailles rangées dans toute la ville, contaminant d’autres provinces, permettant ainsi aux plus zélés des zélotes, les sicaires, de prendre les reines de la révolte et Jérusalem par la même occasion.

De répressions en exécutions, près de huit années de combats seront nécessaires aux romains pour mater la rébellion. Massada, dernière citadelle tenue par les sicaires, sera le théâtre d’un terrible événement. Battus, les sicaires préfèreront se donner la mort plutôt que de se rendre. Les romains entrant victorieux découvriront les corps gisants d’hommes, femmes et enfants ensanglantés dans toute la forteresse.

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Citadelle de Massada

Terrorisme primitif

Nous devons ces informations notamment grâce aux écrits de Flavius Josèphe, juif romain né à Jérusalem. À cette époque cohabitent quatre grands courants juifs. Les sadducéens, dont il fait partie, romanisés et proche du pouvoir, les esseniens, ascétiques et pauvres, éloignés des mondanités, et les pharisiens, orthodoxes et apolitiques, rigoristes mais ne menaçant absolument pas le pouvoir romain en place. Les zélotes sont ainsi ce quatrième groupe décrit par Flavius, cette quatrième philosophie, prônant le combat contre l’occupation romaine.

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Portrait d’un sicaire

Le terme de sicaires serait alors la nom donné à certains des zélotes par les romains. Sicaires du mot sica, qui en latin désigne une sorte de poignard, utilisé par ces derniers pour assassiner leurs opposants.

Ils graviteraient autour de Juda le Galiléen, cherchant par la violence à repousser les romains de Judée. Selon Josèphe,  »les genres de mort les plus extraordinaires, les supplices de leurs parents et amis les laissent indifférents, pourvu qu’ils n’aient à appeler aucun homme du nom de maître ». Inflexibles, ils n’hésitent pas à tuer tous ceux des juifs collaborant avec l’ennemi romain.

Des décennies d’assassinats, de coups montés, un mode opératoire très proche du terrorisme contemporain. Le but sera de terroriser et pousser les masses à la révolte.

 »Une fois la cible touchée, il ne restait plus qu’à créer la panique en hurlant au meurtre devant le corps de celui que les Sicaires venaient de poignarder puis à se fondre dans la masse, ce qui compliquait salement leur arrestation. Et leur laissait le temps de planifier d’autres actions: incendies de récoltes, saccages de boutiques, prises d’otages… ».(1)

Soixante ans durant, les attentats se multiplieront, les auteurs accusant même les romains afin de faire monter d’avantages les tensions. Tensions qui aboutiront à cette fameuse révolte de 66, les plongeront en même temps dans leur propre destruction.

Une histoire qui se répète

Si les chercheurs occidentaux sont complétement passés au travers, la ressemblance entre la situation des juifs en cette époque et celle des musulmans aujourd’hui est aussi toute troublante. Les quatre courants juifs sont curieusement similaires aux principales tendances musulmanes contemporaines.

Les saduccéens ressemblent beaucoup à ces musulmans assimilés, occidentalisés, au pouvoir dans les pays musulmans et représentants communautaires dans les pays européens. Les esseniens se trouvent être très similaires aux soufis et autres mystiques, portés sur la spiritualité et l’ascétisme. Les pharisiens, sont eux, très ressemblant aux salafistes d’aujourd’hui. Ritualistes et orthodoxes, ils restaient en retrait des décisions politiques. Puis les zélotes, ressemblant étrangement aux courants extrémistes les plus modernes, tant dans leur vision de la religion que dans leurs agissements, s’en prenant souvent aux déviants et autres traitres de l’intérieur, tout aussi prompt à se donner la mort pour leur foi.

Cette quatrième philosophie avait comme moyen, d’éliminer l’ennemi de l’intérieur, de terroriser l’ennemi extérieur, de pousser l’ennemi extérieur, le romain, à s’en prendre à l’ensemble des juifs, et a ainsi amené les juifs à rejeter les romains et rejoindre les rangs de la révolte armée. Méthode semblable à celle utilisée par la plupart des groupuscules terroristes contemporains, et à laquelle l’ennemi répond de manière toute aussi similaire, en s’en prenant à l’ensemble des musulmans, ne faisant qu’en retour, gonfler les rangs des plus extrémistes.

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L’histoire se répète, va t’elle se finir de manière tout aussi similaire, avec l’élimination des factions extrémistes et violentes et la pérennisation des plus apolitisés ? Le judaïsme rabbinique, seul survivant de cette guerre opposant les juifs aux romains, et les juifs entre eux, n’est rien d’autre que le descendant du pharisianisme, et constitue de ce fait, la norme judaïque encore aujourd’hui.

Terrorisme et terrorismes

Il est important, et on ne cesse de le rappeler, de relativiser et ne pas se laisser contaminer l’esprit en associant de ce fait terrorisme et islam. Le terrorisme est un moyen, un principe, qui a été usé par de très différents groupes à travers l’histoire. Si des juifs nous en ont laissé les premières traces, selon l’histoire connue, et que des musulmans semblent en être les plus grands ambassadeurs aujourd’hui, d’autres mouvements en ont fait leur marque de fabrique et d’action principale.

On peut penser aux suprémacistes blancs du KKK, aux partisans de la terreur sous la révolution française, aux anti gouvernementaux irlandais, aux indépendantistes colombiens, aux mouvements anarchistes russes ou espagnols du XX ème siècle ou encore à l’OAS, ces français d’Algérie contre l’indépendance. On accusa la France de terrorisme lorsqu’elle fit exploser un bateau de Greenpeace en 1984, tout comme l’armée rouge japonaise lorsqu’elle attaqua un aéroport israélien en 1972 en faisant près de 30 morts. La liste est longue, les motifs différent mais les moyens et objectifs sont toujours similaires.

Si scander que le terrorisme n’a rien d’islamique est vrai, ce cri de guerre doit s’accompagner d’arguments, et l’histoire en fournit énormément. Si cela peut éviter les discours creux et amener ceux qui ont la mémoire courte à d’avantage de recul et de réflexion, cela ne sera que d’autant plus positif.

(1)http://blog.francetvinfo.fr/deja-vu/2015/06/29/les-sicaires-premiers-terroristes-de-lhistoire.html

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