Omar ibn Saïd

Né vers 1770 dans l’actuel Sénégal, Omar ibn Said est le seul esclave nord américain dont le récit nous est parvenu par des textes qu’il a lui-même rédigé, en arabe.

14 manuscrits nous sont parvenus plus exactement. Le plus important, et celui ayant suscité le plus d’admiration, restant son auto-biographie, traduite et diffusée notamment en 2011 grâce aux travaux d’Ala Alryyes, dans un ouvrage titré : « A muslim american slave, the live of Omar Ibn Saïd« .

En voici quelques extraits :

 »Avant ma venue au pays des Chrétiens, ma religion était celle de Mohammad, le prophète d’Allah. Qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix. J’allais à la mosquée avant l’aube, je lavais ma figure, ma tête, mes mains, mes pieds. J’effectuais les prières de la mi-journée, de la fin de l’après-midi, du coucher du soleil et de la nuit. Je donnais l’aumône chaque année en or, argent, en récoltes et bétail : moutons, chèvres, riz, blé et orge … Je m’engageais chaque année au djihad contre les infidèles. J’allais à La Mecque et à Médine comme l’ont fait ceux qui en avaient les moyens. »

On y apprend également qu’avant sa capture, à l’âge de 37 ans, il aura ainsi étudié l’arabe, le boundou et le fouta, ainsi que les sciences islamiques pendant près de 25 ans à l’étranger, avant de regagner sa terre natale.

 »Après mes études] je suis retourné chez moi pendant six ans avant qu’une armée n’envahisse notre pays. Ils ont tué beaucoup de gens. Ils m’ont capturé, et m’ont vendu à un chrétien qui m’a emmené dans un grand bateau. »

Il atterrit, après 1 mois et demi de voyage, à Charleston aux Etats Unis.

Toujours dans le même texte, après y avoir retranscrit dans son intégralité la sourate al Mulk, comme pour rappeler à qui appartient la seule souveraineté, il décrit son premier propriétaire comme  »un petit homme chétif nommé Johnson, un infidèle qui ne craignait point Allah. ». Mais face aux maltraitances subies, deux après son arrivée, Il s’enfuira de sa plantation, 1 mois durant, prenant la direction de Fayetteville, où il se fera prendre dans une église dans laquelle il était entré pour prier (1).

Il parle alors de la prison dans laquelle il est conduit lors de sa fugue comme  » une grande maison appelée jîl (jail) ». Dans sa cellule, il aurait écrit sur ses murs des versets du Coran, de quoi attirer toute les attentions sur lui (1).

Jim Owen, frère du gouverneur de la Caroline du Sud finira ainsi par le racheter et le conduire en sa maison familiale. Une famille qu’il juge bonne dans ses écrits.

 »Tout ce qu’ils mangent, je le mange, et tout ce qu’ils portent, ils me le donnent une fois usé »

Son récit semble renfermer néanmoins un sens ésotérique et des paroles à double sens selon les chercheurs ayant étudié ses mots. Malgré sa dite conversion au christianisme, il continua de louer Muhammad, paix et salut soient sur lui, et de faire référence au Coran dans ses écrits.

Dans sa bible, qui lui fut traduite en arabe, il y fera de nombreuses annotations consistant à comparer le texte biblique à celui du texte coranique. Ne manquant pas d’audace, on lui demandera de traduire en arabe une prière chrétienne, il s’exécutera en écrivant à la place la sourate al Fatiha.

Le dernier texte d’Omar, rédigé en 1857, est ainsi une reprise du chapitre coranique al-Nasr, rappelant l’entrée massives d’infidèles dans la religion qu’est l’islam.

Sa vie sera maintes et maintes fois retranscrite dans les journaux d’alors. En 1863, un journaliste du New York Observer remarque, « ses doigts effilés et le raffinement de sa démarche« . Il serait alors un prince arabe, un noble capturé par erreur.

Il meurt peu de temps après, toujours en esclave, un an avant la grande vague de libération suivant la guerre de sécession.

(1)http://docsouth.unc.edu/nc/omarsaid/summary.html

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