Nous sommes controversés

A peine l’affaire du burkini gate close, voici qu’une nouvelle polémique visant les musulmans fait déjà surface. En ligne de mire : Aami Hassen Bounemcha et son séjour éthique. Le problème? L’imam serait controversé.

Controversés sont-ils?

Controversé, comme l’ont été avant lui, Sihamedi Idriss et l’association Baraka City, l’imam de Brest, le CCIF, Tariq Ramadan ou la récente association smile 13 mise en cause dans ce burkini gate cité plus haut. Si l’on met de côté les affinités théologiques ou parti pris de chacun, dont nous ne débâterons point ici, il est tout de même très curieux de voir qu’à chaque fois qu’une personnalité musulmane ou qu’un groupe humain reconnu comme musulman fait les gros titres, le label rouge de la controverse lui est automatiquement collé sur la tempe.

S’il y a quelques années, la controverse put être le fait de soutenir un groupe armé ou tolérer la pratique de châtiments corporels la cas échéant, sur quoi la controverse repose aujourd’hui? Parfois sur rien. Car à part proposer lors de ces séjours éthiques des rappels sur la foi et des repas halal, l’imam Aami Hassen ne se voit accusé ou même suspecté de pas grand chose. Ah si. La CAF aiderait financièrement la tenue de ces horribles rassemblements de diablotins barbus. Oui comme elle aide quantité d’associations, notamment juives ou chrétiennes. Mais ça, personne n’ira le chercher et le mettre en avant, il faut bien sûr nourrir ce bruit qui court incriminant l’Etat d’aider consciemment le salafisme à faire sa place dans le pays.

Car il y a bien des salafistes peuplant la mosquée de l’imam visé selon les dires du journaliste. Quelques clics sur internet auraient pourtant suffit à cette commère diplômée en calomnie généralisée ayant rédigé cet article de voir que les salafistes désavouent l’imam Hassan en long et en large.

Alors controversés soyons

Ainsi, si l’on observe les reproches faits à l’égard de ces musulmans controversés, il paraît évident que controverse il y a quand renvoi à l’islam orthodoxe se fait possible.

Vous pouvez sauver des vies en Afrique, dénoncer le terrorisme, rencontrer vos homologues des Gens du Livre, aider à lutter contre la délinquance dans votre quartier ou faire passer un bon moment aux jeunes et femmes de votre communauté ; vous ne serez bon qu’après avoir publiquement embrassé l’islam conçu par le ministère des cultes. Nier la chose ou continuer à faire sien l’islam du prophète Muhammad, paix et salut soient sur lui, fera de vous un élément subversif, un vilain, un homme, une femme, un musulman controversé.

Quelque soit le discours, la posture ou le service proposé, les exemples sont nombreux. Telle association s’est vue taxée de controversée, car se targuant d’une identité islamique, tel président associatif car ne serrant pas la main aux femmes. Tel intellectuel car se gardant d’exprimer son refus clair des peines légales prévues dans la législation islamique, ou tel imam car relatant ce qu’une certaine orthodoxie musulmane dirait de la mixité ou de la musique.

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Alors qu’une autre communauté religieuse peut se voir défendue par un conseil, pourtant connu pour sa défense de l’extrême droite la plus criminelle au monde et ses propos racistes récurrents, le CCIF se voit taxé, lui, régulièrement, de controverses en tous genres. Ce que le conseil précité ne se voit pourtant jamais accusé.

On pourrait aussi citer l’exemple de la privatisation de certains lieux, qui ne deviennent sujets à controverses que lorsqu’il est question d’en faire bénéficier des musulman(e)s. Quantités de prêches religieux peuvent aussi être entendus sur le caractère illicite de la musique ou de la mixité sur internet, seuls sont sujets à controverses ceux réalisés par des musulmans. Pour les uns, c’est normal, pour les autres, c’est sujet à controverse.

Controverse il n’y a par contre jamais lorsque les caméras se tournent vers les quelques house muslims garants de l’islam de France. Ces idiots utiles et bouffons du roi allant dans le sens des réformes voulues par l’inquisition laïque et républicaine. Eux sont choyés, plébiscités, mis en avant car légitimant le discours dominant. Leur hétérodoxie les dédouane de toute controverse.

Mais un musulman qui s’assume, un musulman décomplexé, ou un musulman tout simplement normal, et mis un temps soit peu en lumière ne bénéficiera jamais d’un traitement similaire. Ainsi, souvent en manque de faits concrets permettant de mettre en porte à faux les individus cités plus haut, on les taxera de tous les mots et maux possibles en vue de susciter la peur et le mépris du lecteur, auditeur, ou téléspectateur leur faisant face.

Salafistes, radicaux, fondamentalistes, misogynes, anti-républicains ou controversés. Des mots vidés de leur sens, que peu ou presque peuvent concrètement expliquer ou accompagner de faits indiscutés, mais dont on affuble le moindre musulman visible, assumé ou servant simplement sa communauté.

Finalement, à bien y regarder, si être controversé aux yeux de ces corrupteurs et agitateurs des foules que sont ces islamovores médiatiques, est ainsi synonyme d’islamosité visible, sincère et assumée, alors soit. Soyons en. Ne fuyons pas ce qu’ils voudraient justement nous voir fuir.

Alors oui, toi, moi, elles et ils, nous sommes, nous aussi, controversés.

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