Mort à l’islam de France

Profitant des attentats récents ayant touché la France, l’État s’est ainsi mis en tête depuis quelques semaines d’accélérer la mise à bat de son hybride de nouveau rejeton qu’est l’islam de France. Aidé par le CFCM, les puissants comptent bien voir les millions de musulmans apostasier leur religion pour embrasser cette foi nouvelle. Vous convertirez-vous?

Nous non, et nous allons vous expliquer pourquoi.

Car l’islam ne se met pas à jour

L’islam est une religion parachevée et finie, sa révélation est close. Il n’y a pas de mise à jour possible, de conciles oecunémiques redéfinissant les tenants et aboutissants de son dogme ou du statut obligatoire ou non d’une chose clairement explicitée comme telle. Et encore moins de réajustements venant d’une quelconque autorité profane. Si les compréhensions sont multiples, que des marges de manœuvre sont possibles dans l’application de la législation islamique, privée ou publique, il n’y a qu’un seul islam.

L’idée d’un islam français comme d’un islam jamaïcain ou biélorusse est ubuesque et grotesque. Le croyant dispose d’une législation suffisante afin de l’aider à faire le compromis nécessaire quand il le faut et où il le faut. Nul besoin de l’assistance de francs maçons, laïques et athées de tous bords. Les savants sont là pour cela. Une gêne, un événement nouveau, une situation exceptionnelle, ils y travaillent et y répondent, en accord avec le corpus de textes à leurs dispositions, et les fondements inamovibles que sont les piliers de l’islam.

Car l’islam de France n’a aucun fondement

C’est une religion caoutchouc, contortionable à souhait. L’on demande aujourd’hui aux patrons de ce nouvel islam une réelle application du principe d’égalité des sexes, dans son sens entendu et théorisé par le féminisme blanc et post colonial 40 ans plus tôt. Que demandera-t-on demain? Le retrait total du voile ou l’obligation de la mixité dans les rangs de la prière?

À chaque drame commis au nom de l’islam, on voit journalistes, politiques et intellectuels se bousculer sur la scène médiatique afin d’appeler les musulmans à la réforme. Il faudrait supprimer des passages du Coran, appeler les musulmanes à baisser le voile, refuser l’usage de l’arabe dans les prêches ou interdire la lecture d’ouvrages venus de pays desquels on accepte pourtant bien les billets.

Quand le sujet (de l’islam de France) fut véritablement mis pour la première fois sur la table, fin des années 90, Jean Pierre Chevenement (alors ministre des cultes) avait à l’époque réclamé la possibilité d’apostasier et d’en justifier le geste islamiquement avec les intervenants de ce qui sera plus tard le CFCM. La demande avait été acceptée puis finalement refusée.

Des chartes ont déjà été envoyées à des mosquées de Béziers par son Roi Robert Ménard sommant les imams à se soumettre aux désirs de Sa Majesté. Les écoles musulmanes sont mises sous pression, les maisons d’éditions aussi. Elles ne seraient pas assez  »Islam de France ». On appelle les premières à faire, par exemple, de la théorie de Darwin un fait dogmatique avéré et indiscuté quant on demande aux autres de supprimer des chapitres ayant trait à certains cas de jurisprudence.

Bref, l’islam de France est voué à évoluer avec son temps, comme toute idéologie progressiste qui se respecte. En 2016, en France, le sentiment d’avoir à faire à un dogme fixe et non amovible est insupportable pour tout progressiste dans l’âme. Et ce malgré, encore une fois, une jurisprudence permettant adaptation et contextualisation.

L’évolution doit concerner tous les domaines, même ceux encore indiscutés jusqu’aujourd’hui. Le jihad est aboli, le hijab est dépassé et les règles relatives à la famille sont à éliminer.

Car ses représentants ne représentent qu’eux même

Pour faire avaler la pilule aux 5 à 8 millions de musulmans en France, nos gouvernements respectifs n’ont eu d’autre bonne idée que de faire appel au CFCM, mis en place par Nicolas Sarkozy en 2003.

Comment veut-on faire accepter cet islam de France, déjà très repoussant, avec en plus le parrainage d’un organisme comme le CFCM? Ce Conseil Français du Compromis Musulman est pour les musulmans ce que Kamini est aux amateurs de rap. Inutile de vous en faire un dessin. D’ailleurs, le gouvernement a beau avoir entendu de toutes et de tous que ce Conseil n’avait aucune légitimité aux yeux de celles et ceux qu’ils étaient censés représenter, ils persistent pourtant bel et bien.

Qui sont ces gens qui appellent les musulmans à participer au culte catholique lorsqu’il s’agit d’exprimer leur solidarité avec les chrétiens? Ces gens décidant contre l’avis de tous de commencer le ramadhan un jour avant les autres, en mentant sur les mosquées ayant soi-disant donné leur aval? Qui sont ces êtres discutant au nom des musulmans aux ministres en vue de trouver solutions aux problèmes de radicalisme?

Mais le CFCM n’est pas en reste. Pour l’aider dans sa mission unique au monde, ce sont les pontes de la French Muslimosphère que l’on va appeler à la rescousse. Tareq Oubrou, Rachid Birbach ou Hassan Chalghoumi pour ne citer qu’eux.

Ces individus, nous les voyons tordre et bafouer les fondamentaux de l’islam à chaque invitation télévisuelle. Le public, néophyte, s’y perd. Quand celui-ci voit le CFMC dénoncer les résistants palestiniens, Tareq oubrou avancer que le voile est une invention du siècle dernier ou Abdelali Mamoun leur faire des serments sur le salafisme, il y croit. Le musulman lambda, face à ses concitoyens, passe ensuite pour le dernier des intégristes dans le cas où ces références ne seraient pas les siennes.

Car l’État doit rester à sa place

La France, seul pays laïque au monde. Seul État où il est écrit noir sur blanc que celui-ci ne reconnait aucun culte et garanti le libre exercice de ces derniers. Ça c’est pour la théorie, dans les faits, nous sommes dans un Etat où les représentants dictent la marche à suivre aux croyants en leur expliquant comment ils doivent croire et pratiquer leur religion. Le pire, c’est que ça passe comme une lettre à la Poste. Il est désormais acquis pour tous qu’une France laïque, c’est une France sans religion visible et où les cultes doivent muter au fil des saisons et selon les humeurs de nos gouverneurs.

Que l’État reste ainsi à sa place et laisse les fidèles s’organiser eux-mêmes, croire et vivre comme ils l’entendent, sous les seules restrictions édictées par la loi.

Car cet islam est un piège

L’islam de France n’est rien d’autre qu’un islam gallicanisé, christianisé, dépossédé de ses aspects pratiques et civilisationnels. Par l’instauration de ce mutant théologique, la France laïque souhaite voir disparaître toute forme de militantisme musulman. Elle espère voir les musulmans ne faire de leur religion plus qu’une croyance malléable dépossédée de ses obligations et interdits formels. La foi oui, mais au diable les actes et la loi.

Le travail qui se dessine ici est le fruit de décennies de préparation préalable. Du temps des colonies, la France avait déjà la fâcheuse manie de vouloir gérer le culte musulman, en achetant ses hommes et en les plaçant où il le fallait. Elle avait même empêché à l’époque l’application de la loi de 1905 sur le territoire algérien. Il s’agissait, d’un temps où la laïcité juridique était encore respectée, de ne justement pas avoir à faire preuve de neutralité concernant le culte musulman. Les choses n’ont pas vraiment changé, sauf qu’aujourd’hui, c’est au nom de cette même laïcité que l’État impose la neutralité qui lui est due à ses mêmes musulmans.

De nombreux musulmans sont déjà près. Des inconditionnels de  »l’islam c’est dans le cœur » aux nostalgiques d’une France qui leur  »a tout donné », le terrain a été déjà largement déblayé. Il reste les irréductibles, au nombre de plusieurs milliers et n’allant pas en décroissant. L’idée est donc de diaboliser ces derniers, de les jeter dans l’immense trou dans lequel salafistes, jihadistes et intégristes de tous bords résident déjà.

Les médias alimente ainsi merveilleusement bien les amalgames et les raccourcis grossiers. Un point commun partagé avec les bad muslim vous fera devenir l’un des leurs, sans nuances et possibilité d’en discuter. Deux islams semblent alors ressortir du traitement médiatique qui en est fait : l’islam de France, le bon, et l’islam wahhabito-salafiste, le mauvais. Vous êtes soit dans l’un, soit dans l’autre.

L’islam de France propose ainsi l’assimilation à tout musulman la désirant. Une carte de résidant définitive pour une France des Lumières, laïque et libertaire. Se déposséder de tout ou partie de son islamosité sera le prix à payer. L’islam de France, c’est une religion sur mesure, à la carte, telle que l’apprécierais la France et ses puissants. Un islam réduit au silence et soumis aux demandes de la majorité au pouvoir.

Si l’on peut comprendre de la part des autorités, une plus grande volonté de transparence dans les financements, le désir de voir les imams maîtriser le français et la possibilité de voir ces derniers se former en France, on ne peut rester de marbre face à la supercherie de cette entreprise.

Si l’islam de France s’installe, va-t-on avoir droit à un islam d’Alsace ou du XIIIème arrondissement de Paris d’ici quelques années? Va t-on également voir les musulmans de France s’émanciper du monde musulman concernant les horaires de prières et de jeûne? Pourquoi ne pas créer aussi un comité de  »savants » donnant fatawas sur mesure, en vue de faciliter la vie du croyant en territoire hostile. Ça existe déjà? On peut grâce à eux ne pas jeûner lors d’examens ou prier avant l’heure dans certains cas? Très bien, on avance…

L’État français, d’années en années, agit avec sa minorité musulmane comme celui à qui l’on tend la main et qui vous mange le bras. Chaque compromis en appelle un autre. Les catholiques en ont fait de même des générations plus tôt, regardez ce qu’ils sont devenus. Leurs églises sont vides et plus personne ne croit en Dieu. Veux-t-on la même chose pour l’islam et les musulmans?

Comment les autorités dites représentatives de la communauté musulmane n’ont-elles pas conscience du piège qu’il leur est tendu. Sont-elles de mèche, ou partagent-elles ce désir ardent de voir l’islam ce déposséder de son essence et de ses fidèles?

Seul Dieu le sait comme dirait l’autre.

Attendez-vous dans tous les cas à du changement. Ils vont concoctent quelque chose de bon pour la rentrée.