Abdul-Rahman Ibrahim ibn Sori

Dans la série de ces musulmans noirs africains devenus esclaves, voici le portrait du premier d’entre eux, Abdul-Rahman Ibrahim ibn Sori.

Aussi appelé Abd ar Rahman of Mississipi, il est né en 1762, à Timbo, dans le Fouta Djalon, l’actuel Guinée.

Très jeune, il partit étudier à Timbuktu, au Mali, avant de servir dans l’armée de son père.

Alors prince en sa contrée, remportant une bataille qu’il dirigeait, il fut capturé sur le chemin du retour et vendu pour finir dans une plantation de coton au Mississipi. Racheté par Thomas Foster, sa maîtrise de la culture du coton, apprise en Afrique, fit qu’il devient rapidement indispensable pour ce dernier. Si indispensable que son  »maître » refusera de céder aux avances du Dr Cox, plaidant pour sa libération. Ce dernier, chirurgien irlandais travaillant sur un bateau anglais, dut, à cause de sa maladie, rester à terre un temps.

Il passera ainsi les dernières années de sa vie, jusqu’en 1826 au sein de la famille d’Abd ar Rahman. En effet, six ans après son arrivée, il s’était marié avec Isabella, une autre esclave de la plantation, et eut neuf enfants.

Il parle alors le mandingo, le bambara et le jallonke. Les premières années seront très difficiles, au point qu’il tentera de s’évader, avant de revenir à la plantation, faute de pouvoir survivre en dehors.

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Image tirée du film TV  »Prince among slaves » retraçant sa vie

Les Maures sont à cette époque, bien que musulmans, considérés comme des humains à part entière. Un statut dont les noirs, subsahariens, ne bénéficient pas ou peu. C’est ce qui jouera en la faveur de quelques autres esclaves également.

Le sultan Abd ar Rahman du Maroc parvient à lire la lettre et fait ainsi demander sa libération au président américain Adams. Thomas Foster finira par le libérer en 1829, sans aucun dédommagement, afin qu’il retourne en Afrique parmi les siens.

Avant de partir, avec sa femme, ils parcourent de nombreux États afin de récolter la somme nécessaire au rachat du reste de sa famille. Son ancien propriétaire considère alors que le contrat n’est pas respecté, et l’affaire sera même utilisée contre le président Adams, en sa défaveur, par son successeur Andrew Jackson durant la campagne présidentielle. Dix mois plus tard, la somme n’est toujours pas réunie, leur départ pour Monrovia au Libéria est reporté, mais Abd ar Rahman meurt quelques mois après de fièvre à l’âge de 67 ans, sans avoir revu ses enfants ni sa terre d’origine.

Sa femme parviendra tout de même à racheter deux de ses fils et leur famille et rejoindre Monrovia. Les enfants restés aux États Unis, n’ayant pas eu la possibilité de bénéficier de ce même rachat, finiront dispatchés ici et là, dans différentes plantations, dans tout le Mississipi.

Un portrait d’Abd Ar Rahman est toujours présent dans la Library of Congress, et deux de ces autobiographies ont pu nous parvenir. Un de ses fils se distinguera notamment par des études poussées, quant un autre finira par diriger plus de 2000 hommes dans l’armée en devenant capitaine.

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