Entre weshisme et religion, le rap des indécis

 

 

6 juin 2016, le mois de Ramadhan commence.

Pendant que d’autres prient et rompent leur jeûne en toute discrétion, d’autres se prennent en photo, djelaba sur les épaules se délectant de brick accompagnées d’un bismillah sur facebook. Le monsieur en question est un célèbre rappeur. Un monsieur chantant son amour des filles faciles, des armes et des gains illicites. Il nous parle d’Iblis, s’affiche faisant ses ablutions à la Vodka, et voue une attention toute particulière à pointer régulièrement son couple de majeurs vers le ciel.

Jusque là, nous avions à faire à des artistes, musulmans, faisant étalage de leur foi dans leurs textes, défendant leur vision de l’islam et prêchant la bonne parole auprès de leurs auditeurs. Des rappeurs engagés, qui bien que faisant fi de ce qu’une certaine orthodoxie musulmane pouvait bien dire de la musique et du fait d’en gagner sa vie, savaient au moins nous servir des textes parfois intelligents.  On pouvait s’en faire les critiques, mais à entendre ce qui se fait parfois aujourd’hui, on n’aurait presque envie de les regretter.

 »Ta mère la sale p***, il est trop tard pour chahade »

Comment peut-on vanter le matériel, l’argent facile, l’usage immodéré de la violence, s’afficher en compagnie de femmes dénudées, insulter le monde entier et en même temps, oser faire référence au Coran, à l’islam et se présenter à deux ou trois moments dans l’année comme un musulman exemplaire. Des jeunes les suivent et ils le savent. Des jeunes souvent musulmans de par leur famille, peu instruits, et très à cheval entre la mosquée et la chicha. Des jeunes qui les prennent comme modèle, leur voue un véritable culte, et auprès desquels ils pourraient user d’un sévère pouvoir de persuasion.

 »Le vendredi j’vais à la mosquée… le samedi soir j’peux être avec les mêmes personnes en boîtes, on peux finir le dimanche à l’hotel b***** des meufs et c’est comme ça tu vois »

Qu’ils fassent de la musique n’est que leur problème, mais cette façon de ramener l’islam à leur personne sans aucune gêne est tout simplement obscène. L’islam a déjà très mauvaise presse, il n’est pas utile d’en rajouter. Mais la faiblesse de leur intelligence, largement palpable dans leurs interviews, où leurs propos frisent le vide absolu, ne leur permet peut-être pas de pouvoir faire la part des choses. Plus occupés à compter leurs vues youtube et leurs billets de banque, ils ne leur viennent même plus à l’esprit de s’inquiéter du sort de leurs jeunes auditeurs abrutis par leurs sérénades.

Le Diable peux te tenter juste avec une somme, pour les plus co**** juste avec une pomme »

C’est avec un ridicule déplorable que l’on en voit certains poster des vidéos d’eux enfilant un costume traditionnel, d’autres se vantant d’être musulmans donc n’ayant peur de rien. L’un d’eux nous tourne un clip en cabriolet, coupe de champagne et jolies filles après avoir quelques semaines plus tôt traiter des méfaits de cette dounya dans un single en plein mois de Ramadhan. Ils ne seraient pas un peu bipolaires ou schizophrènes nos rappeurs nationaux?

 »n’te convertie pas à l’islam frère pour faire comme nous : juste après la prière, on remet nos cagoules »

Sous leurs aires de gros durs se cachent finalement de bien faibles hommes cherchant à tout prix la reconnaissance dans les yeux de leurs fans. Attirant l’attention pour pouvoir se sentir exister, tout en cherchant à satisfaire les uns et les autres, certains tentent ainsi de faire côtoyer deux identités pourtant insolubles, celles du pieux et du voyou. N’assumant même pas leurs propres positions, lorsqu’on leur rappelle leur devoirs en tant que fédérateur et musulman, nous les voyons se vexer et s’affranchir allègrement de leurs responsabilités, avec un dédain tout manifeste pour leurs fans.

 »Escroquer, arnaquer, trafiquer, fais le, respecter, prier, aller à la mosquée, fais le! »

Nous aurions pu citer quantité de paroles et extraits d’interviews, de même les noms qui vont avec, pour mettre en garde contre ses grossiers personnages. Mais l’homme censé s’éloigne de ce qui est douteux pour se rapprocher de ce qui est sûr. Ce n’est pas de certains rappeurs dont il faut s’éloigner, ce sont ses oreilles que l’on doit tourner vers d’autres horizons. De bien meilleures paroles n’attendent que l’attention de nos deux oreilles ainsi que de notre coeur.

Souhaitons leur la guidée et un repentir sincère! D’autres y sont bien arrivés, Diam’s, Fabe et Mysa en première ligne.

 

 

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