Après que l’on ait hésité entre l’islamisme radical, ou la possible folie de l’auteur de la tuerie de Nice, la réappropriation de l’acte par Daesh a pu ainsi mettre tout le monde d’accord. Mohamed Lahouaiej Bouhlel est un islamiste, un terroriste, il serait même un soldat de Daesh.
Successivement, les membres du gouvernement se sont bousculés pour tenter d’expliquer comment, un homme, encore récemment alcoolique et mangeant du porc, ne priant et ne jeûnant pas, suivant des cours de salsa et ayant eu comme amant un homme de 73 ans (!!), se serait radicalisé.
Il semble qu’il se soit radicalisé très rapidement dixit Mr Cazeneuve. Très rapide, personne ou presque ne l’aurait vu. Un proche affirme tout de même que ne faisant pas le jeûne du mois de ramadhan, il refusait de boire de l’alcool, et se serait laissé pousser la barbe. C’en est assez pour y voir l’emprunte néfaste de cet islamisme politique et meutrier en l’individu concerné.
Outre la volonté des médias de faire un corolaire quasi-systématique entre radicalisation et pratique religieuse naissante (qui n’est peut-être même pas présente chez notre intéressé), on peut tout légitimement se demander comment un esprit sain et adulte, puisse en quelques jours se radicaliser jusqu’à commettre un tel acte.
Etonnant? Non, à chaque événement de la sorte, il suffit d’une origine maghrébine, ou d’un Coran retrouvé au domicile pour systématiquement éluder la possible folie ou dégénéréscence mentale chez l’auteur. Un raisonnement que l’on a jamais lorsque l’auteur est blanc, ou d’obédiance vaguement chrétienne. À l’inverse, si lien, même très vague, il y a, entre l’individu concerné et l’islam, ses antécédents psychiatriques et troubles mentaux seront généralement et largement occultés de l’enquête.
Là pour notre niçois, les antécédents sont tellement nombreux que relier son acte à une forme d’islam radical est difficle. Et pourtant. Il suffira d’une réappropriation (opprtuniste?) de Daesh pour que le lien se fasse et occulte ainsi le reste.
Ainsi est née la radicalisation express
À chaque fois que l’on pense nos représentants politiques toucher le fond, ils arrivent pourtant encore à creuser. Mais plus c’est gros plus ça passe. La plèbe y croit, aussi parce qu’elle le veut bien, elle a trouvé la raison, l’explication à l’horreur.
»Un homme de 31 ans normalement constitué n’aurait pas fait ça. Il n’avait pas fait le ramadan, ne montrait aucun signe de religiosité. Son cas relève de la psychiatrie, pas de l’idéologie. L’explication est davantage à chercher du côté de ses troubles psychologiques. Il a eu des problèmes familiaux et des démêlés avec la justice, il a aussi dans son histoire souffert de dépression. Il a pété les plombs. Avant, ces gens-là se suicidaient, aujourd’hui, avec l’environnement créé par Daech, ils emmènent dans leur mort des victimes innocentes. Daech donne une couverture à des gens déséquilibrés pour se parer de l’apparence du héros négatif. Les pouvoirs publics, François Hollande en tête, ont donné un sens idéologique à un déséquilibré mental. Ce n’est pas du terrorisme: il ne veut pas changer l’ordre du monde, il veut donner un sens à son malaise. » (1)
À l’instar du tueur d’Orlando, le niçois avait un penchant pour la gente masculine, et un narcissisme très développé.
Un témoignage recoupé sur place par Le Monde, qui a pu rencontrer son oncle, Abdelfattah Lahouaiej Bouhlel, à M’saken, ville de l’Est tunisien où vit la famille. Ce dernier affirme que son neveu « n’était pas normal ». « Il aimait exhiber ses muscles de manière bizarre », précise un voisin. « Ses paroles dérivaient », ajoute un deuxième. « On sentait qu’il n’avait pas toute sa tête », abonde un troisième.(2)
Doit-on conclure que tout musulman, ou homme d’ascendance musulmane, ne peut tuer, semer le désordre qu’au nom d’une religion avec laquelle il n’a bien souvent que de liens très vagues..? Ne peut-on invoquer ses troubles mentaux, ses carences mentales, sa dépression, son goût prononcé pour la violence ou l’alcool? Le procédé est pourtant appliqué pour tout types de tueurs émaillant l’actualité de par ce genre d’actes, et il serait inutile d’en citer une liste de nom, rien que pour cette année 2016, tant les exemples sont nombreux.
»Pas besoin d’être un Jedi pour savoir que la haine de soi est le plus court chemin vers la peur, puis le côté obscur, la colère, et la souffrance. Cette haine est la plus destructrice qui soit. Lorsque société, Etat, famille et religion (mêmes des reliquats lointains, dans ce cas précis) vous écrasent de tout leurs poids, comment partir en héros plutôt qu’en sombre m***e incapable de s’assumer? Hop, un camion, une kalachnikov, un couteau ou une bombe feront l’affaire. »(3)
Daesh et Matignon même combat?
Les deux ennemis, que sont la France et Daesh, se rejoignent ainsi sur la nature de l’individu. Pour Daesh, c’est un soldat de l’islam, pour le gouvernement français, c’est un islamiste radical. Dans les deux cas, l’homme est un musulman et aurait agit au nom de l’islam.
Outre le regard porté sur cet individu comme pour les autres, ils semblent aussi se rejoindre sur un autre plan. Comment ne pas voir dans leur procédé respectif, une volonté réelle de fracturer la société et de pousser les uns et les autres à la haine et l’inimité?
Chez Daesh, il s’agit de pousser l’Etat français à réagir et intensifier discriminations et mesures anti-musulmanes, et ainsi amener les musulmans concernés à rejoindre, usés par l’islamophobie montante, les troupes des hommes en noir. Pour l’Etat français, il s’agit de, pressions à l’appui, d’intimer les musulmans à faire leur, l’islam français, invisible et laïcisé. Toute visibilité, barbes, voiles et vêtements orientaux, est automatiquement vu comme un signe de radicalisation et ne peut donc être cautionné sur le territoire. Les deux entités sont ainsi d’accord pour pousser les musulmans à faire un choix. Avec eux ou avec nous.
Et la plèbe encore une fois acquiesse. L’islam, c’est donc soit ceci soit cela. Soit l’on se rase, porte un jean, sert la main aux femmes et ne prie qu’entre les murs de son domicile ; soit l’on assume une pratique visible et une identité propre et l’on fait ainsi sien un processus de radicalisation. Et ce qui suit à la radicalisation, c’est une entrée dans la sphère daeshiste.
Les uns faisant de lui un soldat d’Allah et les autres un islamiste radical, il semblerait en tous cas que la folie et l’incohérence ne soient pas que du côté du terroriste…
C’est à se demander à quoi aura -t-on à faire la prochaine fois..?
le sociologue Farhad Khosrokhavar / http://www.lexpress.fr/actualite/societe/attentat-de-nice-daech-donne-une-couverture-a-des-gens-desequilibres_1813119.html
sarrazins 