Vers un test de radicalité dans nos collèges et lycées?

Détecter la radicalité du musulman dès l’adolescence. L’idée est de Geoffroy Didier, vice président de Les Républicains en Ile de France.

 »Refusez-vous des activités sportives sous prétexte qu’elles sont mixtes ?, Comment qualifiez-vous les récents attentats en France ? Que pensez-vous du djihad ? Consultez-vous ou avez-vous déjà consulté des vidéos ou sites appelant au Djihad? »

Telles seront les questions qui seront posées aux collégiens/lycéens par un psychologue de la communauté éducative. En cas de refus ou de mauvaise réponse, l’enfant en question devra suivre un programme psychologique et éducatif, visant à sa déradicalisation complète.

Prévenir plutôt que guérir. Pourquoi pas? Mais que viennent faire des questions relatives à la mixité là dedans? Un(e) élève préférant ne pas se mettre en maillot de bain et en côtoyer ses camarades dans le même apparat (ce qui est bien le sujet, la mixité étant de fait acceptée de tous, des bancs de l’école à la cour de récré) est-il un futur décapiteur en puissance?

Quelles seront effectivement les réactions de ce corps psychologique face à des élèves, obèses ou juifs par exemple, refusant eux aussi la mixité à la piscine, quand ce n’est pas plus? Sont-ils aussi tous de futurs tueurs en série potentiels ou bourreaux israéliens larguant de la bombe dernier cru sur Gaza?

De la déradicalisation à la désislamisation républicaine

Certains français voient déjà en cette nouvelle mesure une énième tentative de faire pression sur la communauté musulmane.

Depuis bientôt deux ans, les mesures allant dans ce sens s’accélèrent, tandis que les débats et reportages sur la radicalisation dominent la sphère médiatique. On explique au français moyen, que pour lutter contre le terrorisme, c’est l’islam lui-même et ses musulmans qu’il va falloir républicaniser. Les dits terroristes semblent à chaque fois n’avoir des liens avec l’islam que très restreints. Peu importe, mieux vaut prendre toutes ses précautions…

La campagne stop-djihadisme, avait ainsi servit d’introduction. La télévision et les journaux avait servit de relais. Les actes terroristes de justification.

Port de vêtements amples pour les femmes, barbe pour les hommes, manque d’intérêt pour la musique, non appréciation de la mixité, alimentation halal et enfants envoyés à la mosquée apprendre le Coran. Autant de signes permettant d’identifier un possible futur terroriste salafisé, selon nos faiseurs d’opinions. Radicalité devenant ainsi synonyme de pratique religieuse visible et assidue.

C’est ainsi qu’il est désormais acquis de (presque) tous, que ces us et habitudes ne peuvent émaner que d’individus obscurantistes, violents et anti-sociaux. Ce n’est pas l’islam couscous-babouches que l’on a connu autrefois, ces musulmans sont différents, ils provoquent, ils nous haïssent et cherchent à wahhabiser la France… Vus à la télé, croisés dans la rue, on parle d’eux en évitant soigneusement de leur tendre le micro, facilitant les idées reçues et les suspicions sans fondements.

Cette distance entretenue avec les principaux sujets en question aide aussi à ne développer aucune empathie, nulle sympathie et surtout aucune gêne à les voir exclus et ciblés par les autorités. Comme ces juifs et tziganes que l’on enfermait dans des camps autrefois, il y a cette distance, cela se passe loin des regards, on se cache de leurs réactions et des conséquences.

Des us et habitudes qui peuvent ainsi suffirent à vous voir balancé par votre voisin au bailleur HLM, ou à la police depuis l’état d’urgence qui viendra s’empresser de défoncer votre porte d’entrée et palper votre femme dévoilée sortie du lit.

Tout se passe comme ci l’on voulait éperdument intimer les musulmans à la désilslamisation partielle ou totale.

De l’adulte à l’enfant

Jusque là, ces mesures visant explicitement la pratique religieuse musulmane, ne ciblaient que les adultes ou presque. Avec cette proposition de Mr Didier, ce sont les enfants, en l’absence de leurs parents, sur qui la pression va pouvoir directement s’exercer.

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Une proposition qui va dans le sens opéré déjà par l’éducation nationale cherchant à entériner le projet de développement d’écoles confessionnelles, qui aura profité ainsi à tous, sauf aux musulmans. Idem pour l’école à la maison, quelques milliers d’enfants avaient pu jusque là échapper à l’intégrisme laïque de certains professeurs, les parents musulmans ayant préféré s’occuper eux-même de l’instruction de leurs rejetons. Chose désormais des plus difficiles aujourd’hui.

Déjà largement contraints de ne pouvoir s’exprimer librement, faute d’être taxés de faire dans l’apologie au terrorisme ou dans l’excès de radicalité, empêchés de pouvoir quitter l’école publique, les enfants mahométans vont maintenant devoir, si la mesure prend un jour effet, renier leurs convictions personnelles sous peine de se voir fichés avant l’âge.

Le jihad, faisant partie intégrante de l’islam, qui a ses règles, subtilités et conditions, très éloigné de ce qu’en font certains ici ou ailleurs, va devoir être complètement nié. La mixité, qui n’est rien d’autre que le fait de se dénuder à la piscine devant autrui, va devoir être accepté et apprécié par nos adolescents post-pubères, sous peine de vivre l’exclusion. C’est à se demander quelles seront les autres exigences et questions supplémentaires qui pourront leur être posées lors de ces hypothétiques interrogatoires? Pour ou contre l’homosexualité? Le voile, progrès ou recul? La laïcité, bien ou pas bien?

Affamer ou nourrir l’extrémisme?

La mesure n’en est qu’au stade de la discussion. La question divise d’ailleurs les élus. Mais souvenons-nous de ces divisions passées devenues unanimismes aujourd’hui. Il y a 25 ans, la moitié de nos hommes politiques et intellectuels étaient contre l’idée d’exclure les jeunes femmes voilées des établissements scolaires. Une moitié qui a fini par rejoindre l’autre au bout du compte.

L’incriminisation de la pratique religieuse des musulmans n’en est qu’à ses débuts et ne laisse ainsi rien présager de bon.

Ciblant de plus en plus fréquemment les plus jeunes, elle risque de ne faire que bien aggraver une situation déjà difficile. Oscillants entre une identité musulmane, faite de convictions et d’habitudes identifiables, de plus en plus restreinte à la seule sphère privée, et un républicanisme forcé se construisant en opposition constante avec tout ce que l’islam aurait de gênant ; le procédé risque de ne créer rien de plus que de supplémentaires schizophrènes en puissance.

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Enfilant un costume qui ne lui va pas en entrant à l’école et redevant soi qu’avec les siens, ce genre de propositions ne fera qu’intensifier le communautarisme pourtant tant craint par ses propres opposants, ayant bien compris qu’ils ne pourront jouir de leur libertés individuelles qu’avec les leurs. Ou comment faire naître un processus pourtant tant conspué par la France égalitarienne dans l’esprit des plus jeunes, via ses propres outils.

C’est à se demander ce que cherchent véritablement à créer ces élus à chacune de leur proposition. Toute personne un brin raisonnable sait pertinemment que rien de bon ni de durable ne saura sortir d’un groupe humain que l’on accuse de tout et met constamment sous pressions, oscillant entre amalgames et punitions collectives. Critiqués pour ses lieux de cultes, sa nourriture, ses vêtements, sa visibilité ou sa simple présence, c’est maintenant même pour ses préférences et fondements théologiques que l’on s’en prend aux citoyens musulmans. Libre, oui, mais dans ce que le dogme laïque et républicain tant à proposer comme cadre. 

Au lieu de chercher à se dédouaner de choses dont des musulmans se rendent coupables ici et là, il serait ainsi peut-être plus constructif aux musulmans d’expliquer à leurs voisins que ces élus là, ne veulent pas plus leur bien que celui de ceux qu’ils poussent au quotidien dans leurs retranchements. Alimentant le sentiment d’exclusion chez les uns, et la peur chez les autres, c’est exactement par le biais de ce genre de mesures que les antagonismes subsisteront et se développeront.

Ceux qui ne passeront pas le réquisitoire, le filtre républicain, n’auront d’autres choix que de vivre au banc des accusés et des rebuts. Et ce sera parmi eux que naitront les plus aptes aux dérives en tous genre. Il n’y a qu’à regarder le profils des auteurs des différentes tueries perpétrées sur le sol européen ces dernières années pour se rendre compte de la validité ce raisonnement déjà largement valable.

Choix calculé ou simple bêtise de la part de ces élus..? Les divers communiqués des groupes terroristes ciblant la France tendent à nous expliquer qu’à côté de la politique internationale menée par la France et ses alliés, c’est justement à cause de ce genre de politique intérieure, que le pays des Lumières se veut toucher plus que les autres. Non pour son amour de la liberté et des plaisirs mondains…

Comprendra qui voudra.

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