Loubna Abidar, much hated

 

 

En pleine promotion pour son livre la dangereuse, Loubna Abidar, actrice phare du film Much Loved, s’est semble t-il, donnée mission de détruire l’image des arabes et des musulmans du monde entier. Et elle y arrive plutôt bien.

Agressée l’année dernière au Maroc par des individus n’ayant pas supporté de croiser l’actrice dans la rue, Loubna quitte tout et se réfugie en France. Mais avec un visa touristique de 3 mois, Loubna craint de devoir y retourner. Audrey Azoulay, ministre de la culture, va alors lui donner un petit coup de pouce, une carte compétences et talent de 3 ans. Et oui un césar, ça aide. Mais pas que.

Depuis plusieurs mois, non contente de couvrir d’éloges la France et ses libertés, c’est avec un aplomb particulier que Loubna va déployer tous ses efforts en vue de diaboliser les barbaresques marocains qui l’ont tant fait souffrir. Sa famille, son père, tout le monde y passe. Et quand nous disons tout le monde, c’est bien l’ensemble des arabes et des musulmans qu’elle jette sans concession dans les affres de l’ignominie.

 »Là-bas les gens parlent trop, il n’y a pas de respect, c’est très compliqué d’expliquer leur mentalité… Dans le monde arabe en général, on a ce problème des viols commis par les proches, les pères, les oncles…On ne dit pas ce qu’on pense clairement devant nos familles. Ce n’est pas comme en Europe, où tu peux discuter avec ta famille, tu peux dire ce que tu penses de la vie. Chez nous tu ne peux pas, surtout quand ça vient d’une femme. »(1)

Elle serait ainsi pour le quotidien Marianne, sautant sur l’occasion de donner la parole à une arabe crachant sur les siens, trop libre, trop franche, trop femme. Dans Libération, elle expliquera sa lointaine envie de devenir actrice, métier synonyme de prostitution chez les marocains.

 »Vu d’où je viens, pour moi, c’était soit prostituée soit femme soumise avec six enfants. »(2)

Rentrer au Maroc ?

 »Impossible. C’est invivable pour moi là-bas. Quand je croise des hommes, je vois mon sexe, je vois mes fesses dans leurs yeux. Il faudra longtemps pour que les choses bougent.(2)

Oui, car pour Loubna, les arabes ne sont pas que de violents incultes, ils sont surtout de gros pervers avides de plaisirs charnels, adeptes de l’inceste et férus de filles faciles. La semaine dernière, dans On n’est pas couchés sur France 2, devant des millions de téléspectateurs, elle nous a fendu d’une interview des plus rocambolesques.

Elle y raconte, sous les regards de chroniqueurs dubitatifs, son enfance difficile et le combat qu’elle a du mener pour survivre aux coups de son père. Un père qu’elle arrivera tout de même à mettre à la porte à 14 ans, prenant ainsi les reines de la maison. On lui aurait alors enseigné que toucher un juif revient à se brûler, qu’ils seraient tous méchants. Ce qui n’empêchera pas sa famille de la laisser partir à 16 ans avec l’un des leurs, un juif de 40 années son aîné, le DJ fondateur de Buddha Bar. Et oui les marocains ont des principes, mais face à l’argent, ils savent se faire silencieux… Devant Laurent Ruquier elle va jusqu’à dire que dans le monde arabe, une femme qui assume sa parole, travaille et rêve, c’est une prostitué. Elle nous dépeint alors un Maroc surprenant. Les pères violeraient leurs filles, les garçons passeraient leur temps à regarder des films pornographiques et on y marierait les filles à 16 ans. Un Maroc digne des plus grandes illustrations orientalistes du XIX ème.

Mais Loubna ne s’arrête pas là. Interrogée sur sa religion par la plupart des journalistes qu’elle croisera, elle citera à l’un d’eux son goût prononcé pour l’alcool et le jambon, ainsi que son désaveu du Ramadhan. Sa pratique et compréhension de l’islam?  »Je suis musulmane, mais l’Islam que je pratique est celui de l’amour. Faire du bien à autrui et recevoir du bien, voilà ma religion. L’islam de la haine n’est pas le mien. ». Bon, c’est déjà un bon début, mais c’est tout de même un brin plus fourni l’islam, ma chère Loubna. Et ne lui demandez pas ce qu’elle pense des musulmans plus musulmans qu’elle.

 »Les barbus d’aujourd’hui sont ceux qui croient que la barbe, la burqa et le voile sont obligatoires dans le Coran. Ce sont tous ces tarés-là. Je suis désolée mais ils n’ont rien à voir avec la religion. Ils gagnent leur vie en faisant mal à l’islam. Ce n’est pas ça, l’islam…Il y a beaucoup de choses que je ne comprends pas. Par exemple dans l’islam, boire de l’alcool est un péché. Mais tous les musulmans boivent, on est des grands consommateurs d’alcool, celui qui dit le contraire est un menteur…Tant que ces barbus seront là, rien ne va changer. »

Un discours qui plaît énormément. Son accent à la Chalghoumi, sa tristesse apparente, elle a tout de cette femme que féministes et bien pensants aiment à défendre. En particulier des méchants musulmans.

 »A Marrakech, avant son exil forcé, elle en était venue à devoir se déplacer voilée des pieds à la tête pour être tranquille. Un comble pour une combattante des droits des femmes qui voit dans le voile intégral un «sac-poubelle» ambulant, symbole ultime de «ce grand n’importe quoi» qu’est devenu «l’islam d’aujourd’hui, perverti par des barbus qui n’ont rien dans la tête». Musulmane cheveux au vent, croyante en un «Dieu sans marque» qu’elle prie dans le train ou sous la douche, le voile doit pour elle «rester quelque chose de beau. Si c’est pour soustraire la femme aux yeux de l’homme, alors là, non. »(2)

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Son livre est tout aussi rempli d’inepties et d’incohérences. Si le tiers traite de son père, qui semble bien plus proche de la folie que de l’islam (il urinait dans son plat et lui écrasait des mégots sur le corps..), Loubna nous explique sans aucune retenue ce dont toutes les femmes musulmanes ne font que rêver, à savoir se marier (avec un polygame) et avoir cinq enfants. Incapables de penser, de réfléchir à leur condition, la femme musulmane est piégée, enfermée sans le savoir. Un portrait fait de la femme musulmane par Loubna Abidar qui n’a, de loin, rien à envier à celui qu’en font les plus hystériques de nos islamophobes nationaux.

A plaindre ou à haïr?

Loubna, on compati. Ton enfance, si la description que tu nous en a faite est vraie, a de quoi susciter bien des colères. On en peut que déplorer l’attitude que certains hommes ont eu à ton égard. S’insurger contre une certaine étroitesse d’esprit, dénoncer la pauvreté et les méfaits de la prostitution dans ton pays natal est un combat juste.

Mais de grâce, laisse ceux qui ne t’ont rien fait, tous ces arabes et musulmans qui ne violent pas leurs filles, ne boivent pas d’alcool et ne tapent pas leurs femmes. Laisse tous ces marocains et toutes ces marocaines qui n’avaient vraiment pas besoin qu’on leur dresse un tel portrait. Laisse l’islam, cette religion que l’on t’a peut-être mal présentée, apprends la, mais ne donne pas le bâton à ces  journalistes qui n’attendent que des gens comme toi pour justifier leur islamophobie. Ne te rends-tu peut-être pas compte de ta situation. Ces gens qui t’invitent t’utilise, et si certains lecteurs et spectateurs adhèrent à ce portrait que tu traces du monde arabo-musulman, eux n’y croient pas. Et ils passent assez de vacances chaque année à Marrakech pour s’en apercevoir…

(1)http://www.marianne.net/loubna-abidar-dangereuse-trop-libre-trop-franche-trop-femme-trop-pute-100242951.html

(2)http://next.liberation.fr/cinema/2016/05/17/loubna-abidar-femme-liberee_1453226

 

 

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