Les musulmans de Sa Majesté

C’est un classique. Après chaque attentat ou fait divers impliquant l’islam ou des musulmans, les faiseurs d’opinion se tournent vers les quelques musulmans de Sa Majesté.

Plus royalistes que le Roi

Ils sont essayistes, élus locaux, imams ou militants associatifs. Leur dénominateur commun : nettoyer l’islam de ses us et coutumes barbaresques. L’objectif : un islam de France, éclairé, assimilé et soucieux de faire le compromis qu’il faut, quand il le faut.

Et du compromis, il y en a eu, il y en a et il y en aura. Et c’est en partie grâce à eux.

Plus blancs que blancs, plus royalistes que le Roi, ils disent haut et fort ce que penserait le peuple de France tout bas. Eux peuvent se le permettre, ils sont musulmans. Du moins, c’est ce que les interéssés font croire à leur houailles, persuadés qu’il suffit de s’appeler Kamel ou Rachida pour être un bon mahométan.

Ainsi, quand il faut soulever la violence intrinsèque d’un Coran à réformer, qualifier le dangereux voile de ces dames de serpillère idéologique, ou s’attaquer à l’othodoxie musulmane des uns et des autres, les médias francophones n’hésiteront pas une seule seconde à utiliser le verbe de ces islamophobes déguisés.

Car islamophobes ils le sont. L’islam leur fait véritablement peur, les musulmans encore plus.

Ayant parfois vécu les affres de l’extrémisme en Algérie ou au Liban, certains se sont convaincus de la dangerosité d’un islam appliqué à la lettre. Pour eux, un islam visible, pratiqué et vécu quotidiennement ne peut qu’être dangereux, un poison menaçant la santé mentale du porteur. Un porteur qu’il faut convertir ou combattre, avant qu’il ne contamine l’ensemble de la société.

Pour d’autres, anti-racistes et pro black-blanc-beuristes notoires, la religion est une tare empêchant le vivre ensemble à la française. Nostalgiques d’une époque où la religion n’était que folklore et salamalek, voir une jeunesse musulmane en revenir à la foi de leurs pères est une régression insupportable.

Dans les deux cas, ils profitent de la tribune qui leur est accordée allègrement pour distiller leur vision de l’islam.

Opportunistes

Avec l’actualité, et les attentats incessants imputés à l’islam(isme) radical, les demandes se font pressantes. L’opinion public a besoin d’entendre ces musulmans qui condamnent le terrorisme. Mais pas seulement. Là où l’écrasante majorité des musulmans font des pieds et des mains pour faire entendre leur colère face aux daeshistes, eux y vont de leur grain de sel supplémentaire.

Ainsi, alors que les écoles musulmanes se voient suspectée de faire le jeu des Frères musulmans et de ne pas y faire respecter les valeurs de la République, des élus d’ascendance maghrébine sortent la tête et y vont de leur commentaire. Le socialiste Malek Boutih en est convaincu, les filières djihadistes recrutent dans les cours d’arabe ou de théologieVoilà qui est dit, ces écoles, déjà largement en difficulté et manquant cruellement aux musulmans, ne demandaient que ce genre de publicité…

Le même individu disait vouloir républicaniser internet dans son rapport rendu à Mr Valls sur le jihadisme en 2015. C’est vous dire.

Plus récemment, tandis que le CCIF se voyait accusés de tous les maux, voilà que d’anciens islamistes de l’UOIF et maghrébins socialisés se laissent aller à déclarer que l’islamophobie n’existerait pas. Elle ne serait qu’une invention en vue de déligitimer toute critique de l’islam. Autant vous dire que la nouvelle fut accueillie avec grande jubilation du côté des islamophobes de France et de Navarre. L’antisémitisme oui, et il est partout, la christianophobie oui, l’islamophobie, non. Pleurnicherie mensongère.

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Amine el Khotmi, élu socialiste

Dans un autre registre, alors que les masses s’inquiètent de l’afflux des réfugiés en territoire européen, des intellectuels viennent nous faire croire que ceux-ci ne seraient que d’ignares obsédés ne pouvant se contenir à la vue de femmes qui jusque là leur étaient cachées. Kamel Daoud, avec l’affaire de Cologne, en aura fait une tribune magistrale. Même du côté obscur, on lui aura reproché d’être allé un peu trop loin…

Cautionneurs

Ces musulmans là font véritablement office de caution aux propos anti-musulmans les plus abjects. Comme pour dire qu’il n’y a pas que les fachos et racistes pour s’en prendre à l’islam et aux musulmans, les médias vont faire appel à ces individus, extrêmement friands d’espace médiatique.

Ce musulman là, on va l’appeler pour qu’il somme ses congénères à manifester leur indignation quant aux attentas divers. Il sait pourtant que les musulmans le font. Au quotidien déjà, mais aussi à travers manifestations et communiqués, livres et vidéos diverses. Il sait ce que savants et imams en pensent et en disent dans les sermons du vendredi. Mais ce musulman là, on ne sait pourquoi, estime que ce n’est pas assez.

On va l’appeler afin de taper sur les salafistes, terme usé désormais à toute les sauces. Des salafistes, qui se sont pourtant évertués à dénoncer Daesh et même Al Qaida bien avant que le grand public entende parler d’eux, doivent s’en taper la tête contre les murs. Le salafisme ceci, le salafisme cela. Le terme ne leur dit pas grand chose, mais depuis que Manuel Valls s’en est réapproprié le terme pour viser tout musulman gênant, notre musulman là, s’en est fait un ennemi tout déclaré. Le salafiste c’est désormais ce barbu, cette voilée, ces gens qui ne serrent pas la main au sexe opposé et refusent le prosélytisme laïque ambiant. Ce sont les musulmans méchants. Ils sont pacifiques et quietistes? Quand bien même, ils sont méchants, un point c’est tout.

On va encore faire appel à lui pour relayer le caractère oppressant et dangereux du voile islamique. Outil de propagande ou d’asservissement, les femmes qui le portent sont ainsi au choix de méchantes idéologues islamistes, ou au mieux, de pauvres écervelées soumises au mâle. Il faut l’interdire, s’en moquer. Pour d’autres, officiant même dans une mosquée, il serait une invention du siècle dernier. Vous y voyez des propos de Tareq Oubrou? On peut dire que vous voyez bien!

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Tareq Oubrou, imam de Bordeaux

On va le sommer de valider l’idée d’une radicalisation se manifestant partout où il y a islamosité visible. Un jeune homme qui change ses habitudes alimentaires, troque ses CD de Rohff contre quelques sourates sous MP3, une femme qui se couvre plus que d’habitude et décide de se marier avant d’offrir son corps au premier venu. Une prière faite en son heure en dehors d’une mosquée, un désir (légalement ce qu’il y a de plus normal) de se voir observer les parties génitales par un médecin du même sexe. Radicalisme!!!

Eux pourront aller même plus loin, ils pourront traiter les jeunes musulmans allant le vendredi à la mosquée d’imbéciles, les femmes voilées de Dark Vador ou d’islamistes. Nadia Hamour, de Les Républicains, avait même proposé aux musulmanes de remplacer leur voile par un bonnet phrygienIls pourront affirmer que le Coran est un livre violent, l’islam une religion à réformer car trop moyenâgeuse. Ils ont le droit, encore une fois, car ils sont musulmans.

Au royaume des idiots, l’utile est le Roi

Ont-ils seulement conscience d’être utilisés afin de servir les intérêts des plus grands? Qu’on ne leur donne de l’espace médiatique que pour valider l’idéal anti-musulman qui se profile actuellement en terre de Molière? La question reste en suspend…

Chez certains, l’idée de vouloir aider la communauté musulmane à s’intégrer en France est pourtant réelle. Ils pensent qu’en faisant des compromis, en en faisant plus que les autres, en s’attaquant à l’islam que la France ne veut pas, les musulmans seront mieux acceptés. Les exemples ne manquent pas pour contre valider cette théorie. Le musulman saura s’intégrer, oui, mais à quel prix? Celui de sa religion toute entière, de son identité, de ce qui fait de lui un homme à part entière?

Moins de deux siècles plus tôt, quand la France se faisait colonisatrice, des imams et cheikhs influents eurent le même rôle. Ils appelaient alors à rejoindre l’armée française le cas échéant, à obéir religieusement aux caprices de leurs invités surprise. Après l’indépendance de l’Algérie, ce sont ces mêmes musulmans qui eurent le droit de rejoindre l’héxagone et gérer les premières mosquées de France. Les organisations islamiques qui suivirent durent, pour durer dans le temps, subir les ingérences politiques de nos gouvernements respectifs, quand elles ne furent pas créées de toute pièce par un État se présentant pourtant comme laïque.

Aujourd’hui, ce sont de véritables house niggers, que l’on voit faire le relais entre la communauté musulmane et la communauté nationale. Ils sont dans la politique, les médias, les librairies, sont intelligents, cultivés, raffinés, et rassure la France sur une possible francisation de l’islam. Ils vont à la messe, prier Jésus quand un chrétien est visé par un attentat, donnent carte blanche aux étudiants pour déjeuner pendant le ramadhan, ou ôter le voile pour passer un examen.

Ils appellent à se montrer plus français que François, plus royalistes que le Roi.

Ils appellent en tous cas, doucement mais sûrement, et peut être sans même s’en rendre compte, à ce que dans le jargon islamique on nomme l’apostasie. Un islam démilitantisé, invisible, silencieux, soumis aux dominants du moment.

Ils pavent la route à cet islam de France rêvé par l’élite. Un islam empruntant le même chemin que le catholicisme auparavant. Un chemin qui a permis au catholicisme de voir ses églises se vider, ses prêtres manquer, son influence disparaître et ses instances perdre toute crédibilité. Un chemin ayant permis l’élimination de toute croyance et pratique religieuse chez plus de 9 français sur 10.

Veut-on réellement la même chose pour l’islam en France? Eux, oui.

Eux, ce sont les musulmans de sa Majesté.

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